Si vous avez joué
à RE premier du nom, vous devez connaître cette phrase par coeur
puisqu'elle s'affiche à chaque fois que vous chargez une partie et,
personnellement, je l'ai beaucoup/trop vu (et même encore dernièrement
avec la nouvelle partie que j'ai commencé récemment sur PSP). Cette
phrase, courte mais limpide, résume à elle seul le jeu. Car oui, avec
Resident Evil, Capcom nous a amené en 1996 dans un endroit que l'on
aurait pas imaginer, nous a fait ressentir des choses que l'on aurait
même pas osé imaginer vivre dans un jeu : la peur.
On pourrait discuter longtemps pour savoir si oui ou non RE est le
premier "survival horror" (puisque des titres comme les "Alone in the
dark" l'ont précédés) mais une chose est sûre : RE a apporté une
visibilité à ce genre et, surtout, il est le premier à être qualifié de
"survival horror", et ceci par ses créateurs eux-mêmes. Shinji Mikami,
le chef de projet sur les premiers RE, se serait inspiré de Sweet Home
(un RPG NES de Capcom sorti en 1989 et qui se déroule dans un...
manoir) pour créer l'ambiance de ce RE.
Côté réalisation, lui et son équipe ont eu la merveilleuse idée
d'utiliser des plans fixes où seul le personnage bouge. Cela permet de
créer un sentiment d'angoisse et de stress grâce au fait que la plupart
du temps les ennemis sont dans l'angle mort de la caméra, du coup vous
ne faites que les entendre sans réellement savoir où ils sont. Grâce à
cette technique très astucieuse, on peut avoir, en plus des bonnes
séances de flippe, des décors somptueux puisqu'il s'agit finalement
d'afficher de simples images précalculées avec des personnages en 3D
qui sont eux correctement modélisés (je rappelle que nous sommes en
1996 sur Playstation première du nom) même si Chris et Jill ont un peu
de mal à bouger. Mais cette astuce d'affichage n'est pas la seule à
nous permettre de rentrer complètement dans le jeu : il y a aussi les
chargements ! Ça doit paraître étrange de lire ça, mais les chargements
entre chaque salle étaient camouflés derrière une ouverture de porte.
Dis comme ça, ça ne paraît sans doute pas formidable mais ces
ouvertures, accompagnées de la musique de la salle suivante,
permettaient de stresser rien qu'en imaginant ce qui peut se cacher
derrière la porte (sauf quand on entend la petite musique
caractéristique des points de sauvegarde, endroit où l'on sait qu'on
est tranquille).
Bien que les énigmes Residentesques ne le soient pas tant que ça
(dantesques...), certaines vous ferons cogiter quelques minutes, même
si l'attrait
principal du jeu n'est pas là. Pour ce premier opus, l'histoire était
bien ficelé et on se laisse prendre par l'intrigue. De plus, les
situations qui foutent la frousse sont légions (on retiendra notamment
la mythique scène des chiens, celle du Hunter vu à la première personne
qui vous fonce droit dessus dans une vidéo en image de synthèse, les
salles que l'on a nettoyé mais dont les ennemis reviennent sans crier
gare, les tentacules de la plante qui vous chope par un trou dans le
plancher, etc.). C'est simple, ce RE a posé les bases de ce qu'il
fallait faire et il ne sera jamais, à mon humble avis, égalé par une de
ses suites. Beau (à l'époque et toujours maintenant dans sa version
Rebirth sur GameCube ou dans sa version PSX sur PSP, merci petit
écran), prenant, intéressant à jouer, long (la durée de vie d'une
première partie pouvait facilement avoisiner les 15 heures, surtout si
vous vous perdiez comme moi pour retrouver ce maudit serpent), la seule
ombre au tableau vient en fait de la jouabilité. Le fait de ne pas
pouvoir faire de demi-tour rapidement (implémenter dans le 3 il me
semble) ou encore l'imprécision dans les directions, bien qu'assez
embêtant, ne sont pas les plus rédhibitoires et peuvent même être
considéré comme utile au gameplay. En fait, le gros soucis
vient de la visée arme au poing plus qu'approximative qui peut faire
enrager dans des moments où on aimerait bien passer plus de temps à
éviter les ennemis qu'à les viser...
Mis à part ce gros soucis de jouabilité (mais qui n'a finalement
rebutée pas grand monde, le jeu restant encore parfaitement jouable à
l'heure actuelle pour les premiers RE que je qualifierais de RE
"survival horror", mais qui sied moins, à mon humble avis, aux derniers
RE "action shooter"), tout le jeu a été pensé pour nous faire faire
dans notre pantalon : ennemis qui arrivent par surprise, points de
sauvegardes disséminés au petit bonheur la chance (quand on meurt, on
recommence à sa dernière sauvegarde puisqu'il n'y a pas de
"checkpoint"), musiques superbes, bonne histoire. Bref, si vous ne
l'avez pas encore compris, je vais le dire de but en blanc :"Ce jeu est un chef d'oeuvre !"
Bien sûr, je vous invite à lire ou à relire en complément de ce petit et humble test le billet écrit par Stinkyqui est très complet et intéressant. D'ailleurs, Stinky a continué son
tour d'horizon de la saga et a mis en ligne les articles sur les autres épisodes de la série, à ne manquer sous aucun prétexte !
Que
serait le jeu vidéo aujourd'hui sans Resident Evil ? À mon avis, il ne
serait sûrement que l'ombre d'un zombie putréfié ! Même s'il n'a pas
inventé un genre (Alone in the Dark était déjà passé par là bien avant
lui même si Mikami dit n'y avoir jamais joué), il a su démocratiser et
apporter la peur et la survie sur nos consoles. Un bel héritage que RE4
et RE5 (et déjà un peu RE2 et RE3 dans une moindre mesure) ont renié
pour se pencher du côté du jeu d'action. C'est sans doute pour ça que
ce Resident Evil reste mon préféré, sans doute aussi pour ça qu'il
conserve toute sa force treize ans après sa sortie. Si vous avez
l'occasion de faire "Resident Evil : Rebirth" ou de jouer à ce Resident
Evil sur PSP (la petitesse de l'écran rend hommage à la bouillie de
pixels, vraiment), alors n'hésitez pas surtout si vous n'y avez jamais
joué. Resident Evil premier du nom est un classique, un incontournable,
un indispensable pour celui qui se dit un minimum gamer, et là, tout est dit !
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/me adore ce premier volet, sûrement l'un des meilleurs de la saga !